Jésus rencontre la femme qui était condamnée

 

Celui qui vient au Temple, ce matin-là au soleil levant, est celui qui dira quelques versets plus loin : « Je suis la lumière du monde. ». Il est la Lumière.


La ténèbre humaine, avec son cortège de violence, vient brutalement perturber la paisible aurore où le Fils enseigne ceux qui viennent à lui. L’appel à la mort fait irruption dans le cercle des humains dont la femme occupe maintenant le centre, jetée là, humiliée, déjà condamnée. Mais qui est le plus menacé ? Sinon Jésus lui-même. « Et toi, que dis-tu ? » - Quoi qu’il dise, il se met dans son tort. Il tombe ou dans le blasphème ou dans le discrédit, sous le coup de la Loi ou sous le coup du pouvoir romain. C’est en fait sur lui qu’ils veulent jeter la première pierre.

Jésus se baisse, mouvement d’incarnation où Dieu se met au niveau de la femme accusée. Echange de regards. Silence. Prise de recul. Retrait en soi-même ou en Dieu : n’est-ce pas là le lieu où chacun peut décider de briser le cercle vertueux de la violence ? Ecriture sur le sol.  D’une nouvelle Table de la Loi ? Ou alors, l’inscription en terre humaine de la même, la vraie, celle que personne ne peut plus briser, celle de l‘alliance devenue indélébile ?

Se redressant, Jésus leur adresse la parole divine, celle qui provoque l’homme à se redresser lui aussi, à renaître, à ressusciter. Une parole que nous pouvons refuser, que nous n’acceptons que de la part du frère, de la sœur, de l’ami à qui nous accordons totale confiance. La parole qui ouvre en nous la blessure d’où jaillit la vie. – « Cherche ton mari », dit-il à la femme de Samarie. « Veux-tu guérir ? », ose-t-il dire à l’infirme. « Que celui qui n’a pas péché… », dit-il à ceux qui ont déjà la pierre à la main.

Et il se baisse de nouveau, se penche et offre son dos aux coups, comme le fait le serviteur entrevu par Isaïe. Moment crucial, sublime. Moment de vérité. Non, personne n’a jeté la pierre. Il se sont laissés toucher par la parole qui sauve. Ils n’ont jamais été aussi proches du Royaume offert.
Proches seulement, car une question insistante ne peut être tue : mais pourquoi sont-ils partis ? Pourquoi ne sont-ils pas restés après avoir posé leur pierre, afin d’aller jusqu’au bout, jusqu’à entendre la réponse à la question qu’ils ont d’abord posée : « Et toi, que dis-tu ? » Il ne suffit pas de se laisser toucher, ni même de se reconnaître pécheur. Il faut aller jusqu’à entendre la parole que personne ne peut se dire à lui-même, la parole du pardon. Tiens, ne serait-ce pas cela qui manque à nos pénitences sans absolution ? Ils partent ce jour-là… culpabilisés, mais pas guéris, pas sauvés. Ils reviendront. Et ils crieront : « A bas ! », « A mort », « crucifie-le !». L’abaissement et l’élévation du Fils, notre écoute et notre contemplation devront aller jusque là.
Alors, Dieu et la femme restent là, seuls, face à face.  Et cet humain là, cette femme, nous croyons l’entendre crier de tout son être : « Et toi, que dis-tu ? » - « Femme, moi non plus je ne te condamne pas. Va, et ne pèche plus ». Il nous faut prendre cette parole en son entier, sinon elle cesse d’être la parole de Dieu. Il n’y a en elle aucune menace. Elle est la parole de l’Amour, d’un Dieu qui ne sait ni nous menacer, ni nous condamner.  Il ne peut que s’offrir, nous laisser partir sur les chemins de la perversion, ou alors se réjouir parce que nous nous sommes enfin découverts, acceptés à la fois pécheurs et déjà pardonnés. Alors s’ouvre le chemin offert à la liberté, chemin de conversion, de résurrection.


Etre sauvé, en fin de compte, ce n’est qu’ une chose : découvrir et enfin accepter à quel point nous sommes aimés, d’un amour sans condition.

 

P. Jean-Pierre

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