L'infirme de Bethzatha

On se demande toujours si l’Evangile est « vrai », « historique ». Rassurez-vous, la piscine de Bethesda, la « maison du bassin », existe bel et bien. Elle a été découverte et fouillée à la fin du 20° siècle : deux bassins, séparés d’une digue de plus de 6m, et dont le plus grand mesure 55X48m. Décidément, l’évangile de Jean est plus précis qu’il n’en a l’air.
Nous devrions davantage nous demander : pourquoi trouvons-nous Jésus, qui arrive à Jérusalem pour une fête, précisément en ce lieu où est « couchée » toute la misère du monde? Des noces, la nuit, un puits, les lieux où il se donne à rencontrer ne sont décidément pas anodins. Pourquoi maintenant, autre question, dans cette foule de malades Jésus s’intéresse-t-il à cet « asthénique » là au point qu’il se renseigne sur lui? Est-il un « cas » particulièrement intéressant? Est-il le plus faible, le plus abandonné?

Mais laissons-là, nos questions à nous et portons notre attention sur la question totalement étonnante que Jésus lui-même pose à l’asthénique : « veux-tu devenir sain ? » La réponse devrait jaillir d’elle-même. Et pourtant ! Jusqu’où va l’asthénie de cet homme ? Et quelle est sa véritable cause ?
Il faut remarquer l’espèce de « culot » de Jésus qui ose poser ce genre de question. Il l’a fait pour Nicodème, pour la Samaritaine. La question qui va droit au cœur, à l’intime de la personne, de ses choix, de ses motivations ou de ses manques de motivation. Notre guérison n’est pas l’effet d’une magie. Elle est dans l’acceptation de cette Parole qui vient nous bouleverser dans nos petits arrangements avec l’existence. De la part de qui acceptons-nous ce genre de question ?
J’ai entendu dernièrement un médecin confier à la radio qu'il demande toujours à ses patients : « pourquoi veux-tu guérir ? » Pour quelle existence ? Dans quel but? Pour donner ta santé retrouvée à qui ? Précisément, l’infirme confesse que pour lui il n’y a plus personne. Plus aucun homme pour lui rendre le service que l’on rend à un autre humain.
Il n’est plus qu’un infirme. Et voilà qu’un « homme» (Jésus, lui aussi, est désigné ainsi au verset 12) s’adresse à lui. Non pas à l’infirme, mais à l’homme, à l’étincelle humaine à nouveau reconnue et stimulée en lui. Et c’est « l’homme » (et non pas l’infirme) qui aussitôt retrouve la santé », se met debout et marche.
Voici donc le ressort de la guérison - de toute guérison ?  de la nôtre ?
« Lève-toi », c’est-à-dire, « ressuscite ». La parole toute puissante parce que totalement humaine et totalement divine rend l’homme à sa capacité de « se » lever du mal qui l’a couché. Le voilà remis debout. Un homme a trouvé quelqu’un, un frère à qui faire confiance, vers qui se lever et marcher.
Et dire qu’il ne connaît même pas encore son nom ! Sa voix a suffi pour faire taire celles qui en lui le condamnaient depuis longtemps. Il a obéit à la voix qui le met debout, lui ordonne de porter son grabat, et de marcher.
Que le carême soit pour nous le temps pour entendre, distinguer à nouveau cette voix, pour lui obéir, pour en témoigner, et ainsi nous préparer à Pâques.

 

P. Jean-Pierre

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