Jésus et Lazare

 

Ce récit nous propulse au cœur de l’Evangile selon Saint Jean, à sa charnière. Ce miracle est à fois le dernier du livre des signes et l’annonce de la gloire que Dieu va manifester dans la Résurrection du Christ. Cette maladie est pour la gloire de Dieu, dit Jésus.


Comment une maladie peut-elle être pour la gloire de Dieu ? Un mal peut-il servir à sa gloire ? Certainement pas de manière directe. C’est pourtant au cœur du mal, de notre mort que Dieu veut manifester sa gloire, son salut. La gloire de Dieu, disait Saint Irénée, c’est l’homme vivant, arraché à la mort par la puissance de Dieu. Quelle puissance ? Celle de l’agapè divine, de l’amour qui va jusqu’au don total de soi pour l’être aimé. Jésus, dit le verset 5, aimait son ami de cet amour-là.
Reste une question difficile : pourquoi Jésus ne court-il pas au chevet de son ami ? Pourquoi attend-t-il deux jours encore ? Les temps de Dieu ne sont pas les nôtres.

Retiré au-delà du Jourdain, à l’endroit où Jean Baptiste baptisait, Jésus est en sécurité. Sa décision de franchir le Jourdain, pour revenir en Judée ressemble étrangement à une nouvelle plongée dans les eaux du baptême, décisif celui-là. Les premiers étonnés sont les disciples. Pourquoi une telle folie ? Inlassablement, Jésus les forme et éclaire leur lanterne : marcher derrière lui, la Lumière du monde, c’est marcher dans la lumière même s’il fait nuit ! Jésus se réjouit de l’occasion toute offerte de les engendrer à la foi !

Arrivé à Béthanie, Jésus s’arrête avant de pénétrer dans le lieu de l’affrontement avec la mort. Quel est ce lieu où Marthe et Marie sont tour à tour attirées par le maître de la Vie ?
Seriez-vous disposés à un petit quizz ? Selon vous, de Marie la mystique ou de Marthe l’affairée au four et au moulin, quelle est la plus croyante des deux ? – Marie ? – Eh bien, non. C’est bel et bien Marthe, la servante. Elle reconnaît en Jésus le Fils de Dieu. La mort n’est pas pour toujours pour celui qui croit en Lui. Quand Marie se lève à son tour, c’est l’épaisseur insondable du deuil et de la lamentation générale qui se traîne aux pieds de Jésus. Mais elle a l’avantage de toucher profondément la fibre humaine et la fibre divine de Jésus pris à la fois par l’angoisse humaine (comme à Gethsémani) et par la sorte de colère amoureuse de Dieu à l’encontre de la mort.


Jésus est pris d’émotion, mais quelles sont les pleurs de Jésus ? Le verbe utilisé par Jean pour les nommer (dakruo) peut désigner, non pas une lamentation, mais des pleurs de joie. Marie, avec son intuition féminine, s’en est-elle rendue compte ? Jésus exulte intérieurement d’action de grâce. Il sait qu’il est là en vainqueur. L’amour a déjà vaincu la mort. Le frémissement qu’il ressent en arrivant au tombeau est de cet ordre.

Il demande immédiatement d’enlever la pierre, l’obstacle, tout obstacle dressé entre l’amour créateur de Dieu et sa créature. Il rend grâce de pouvoir donner au monde cette manifestation, ce signe de l’amour plus fort que la mort. Signe qui ne sera jamais une preuve, mais une invitation à croire.
« Lazare, maintenant, dehors ! » Seul Celui qui est la Résurrection et la Vie peut appeler un mort et être entendu. Lui seul aussi peut nous demander, à nous tous, de devenir vraiment humains et divins en donnant un coup de main décisif : enlever les bandelettes, libérer la vie de tout ce qui l’entrave.
Vous l’avez peut-être remarqué, Lazare ne dit rien et on n’en saura pas plus sur lui, sinon qu’il est chacun d’entre nous : appelé à sortir pour vivre.


P. Jean-Pierre

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