Jésus rencontre une femme de Samarie (Jean 4)

 

Une question se pose très rapidement au lecteur attentif de ce récit : comment cet homme, Juif, mâle, parvient-il à nouer avec cette femme, Samaritaine de surcroît, une relation aussi sublime, une rencontre d’Evangile ? Le contexte religieux, culturel interdisait cette rencontre, nous le savons de mieux en mieux. Tout opposait ces deux êtres. Un écart, un regard de mépris… un grand silence… c’était le scénario prévisible ce jour-là, à midi, au bord du puits de Jacob… Par quelle alchimie cet homme parvient-il à révéler à cette femme le don que Dieu veut lui faire ?

Cet homme vient de vivre un échec. Il vient du bord du Jourdain. Là, Jésus, ses disciples et ceux de Jean son cousin baptisaient. On sait peu de choses sur cette expérience baptiste de Jésus au tout début de son ministère. Mais elle s’est terminée en queue de poisson. Jalousies… suspicions de la part des pharisiens… Jésus découvre que ce n’est pas là son chemin… Il aurait pu, pour se rendre en Galilée, cheminer le long du Jourdain, dans la vallée. Il sent qu’il doit passer par la Samarie. Pourquoi ? Pourquoi affronter un chemin plus difficile ? « Ma nourriture est de faire la volonté de mon Père… Il me faut récolter des fruits pour la vie éternelle… », expliquera-t-il. Sa motivation n’est pas d’ordre géographique. Vous l’avez bien compris…

Au bord du puits est assis un homme brûlé par une soif intense, le  désir de « faire l’œuvre du Père »… Il a la soif des « pêcheurs d’hommes ». Mais c’est aussi un homme fragilisé, désorienté… Il cherche « ses brebis »… Où sont-elles ? Il est fatigué, il est seul, assoiffé au bord d’un puits sans rien pour puiser l’eau. Il est dépendant… Dieu totalement incarné… totalement humain.

La Samarie. Terre hostile. Enfin, ce sont les juifs qui refusent tout contact, car ils estiment que ces gens n’ont pas la vraie religion. Une inimitié profonde et ancestrale oppose ces deux peuples qui attendent tout les deux un sauveur, mais pas le même. Qui adorent le même Dieu, mais pas sur la même montagne. Ça ne vous rappelle rien tout ça ?

Le puits de Jacob. Un lieu symbolique. Lieu de rencontre, d’alliances… de mariages… Celui-ci en particulier. Jacob y a rencontré Rachel et son père. C’est un puits miraculeux. Jacob, en un seul signe de bénédiction, avait réussi à y faire monter l’eau, à la faire déborder. Lieu béni, lieu du don réciproque… Mais lieu devenu stérile. Plus rien ne circule. L’eau y stagne. Cet endroit hautement spirituel, lieu du don et de l’échange, est devenu un lieu de soif et de solitude.

Une femme. Elle n’a pas de nom. Mais elle est samaritaine…. De plus, elle a un comportement étrange. Les gens « normaux » vont puiser l’eau le matin, à la fraîche. Pourquoi vient-elle à midi, en pleine chaleur ? A cause de son mode de vie ? Surtout, pour ne rencontrer personne ? Et voilà que, ce jour-là…

Bref, voilà deux personnes que tout oppose : différence de peuple, de religion, de culture, de sexe… de tout… de moralité… de respectabilité… la fatigue de Jésus, l’isolement de la femme. Tout les sépare et pourtant, c’est cela même qui va permettre la rencontre. Qui est donc Celui qui va réaliser ce prodige ? De quelle manière ? Et s’il était venu justement pour nous enseigner cette manière vraiment humaine… et vraiment divine ?
Cela vous a mis l’eau à la bouche (car nous sommes au tout début de l’histoire…) ? Vous avez envie de continuer cette méditation ? Dites-le. Nous trouverons et vous trouverez sur les feuilles dominicales des propositions de moments pour le faire.                       P. Jean-Pierre

 

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