Pourquoi une nouvelle évangélisation ?

Nous ne sommes pas contre le changement, bien sûr. Nous sommes friands de nouvelles technologies, de nouveaux médicaments et de toutes sortes d’autres progrès qui nous facilitent la vie et soignent nos maux. Mais pourquoi parler de « nouvelle évangélisation » ? Membre d’un Institut Missionnaire, j’avoue que l’appellation m’a longtemps laissé de marbre. Prétention inutile ? Publicité mensongère ? Usurpation de marque déposée ? L’Eglise n’évangélise-t-elle pas depuis sa naissance ? Doit-elle, elle aussi, succomber au prurit du changement pour le changement ?

Peut-on disqualifier le travail de nos prédécesseurs ? Mais s’agit-il de cela ? Je sais pourtant que la manière de proposer l’Evangile, de fonder des Eglises, etc… propre au puissant mouvement missionnaire de la modernité occidentale est obsolète, assimilé à une relation de type coloniale et dominatrice. Elle demande d’aller chez l’autre, alors que notre monde présente un tout nouveau visage. Dans nos quartiers, véritables laboratoires du monde en train de naître, coexistent les gens venus de partout, de toutes cultures, races, langues et religions. Et il en va de même partout, sauf dans les terres qui de manière regrettable se ferment sur elles-mêmes. Ce nouvel être-ensemble, avec ses exigences de respect envers l’autre, de dialogue renouvelé… représente un  véritable défi, exige une réponse adéquate, un nouvel élan missionnaire, une proposition adaptée de la Voie du Christ.
La nouvelle évangélisation, c’est cela. Elle est nécessaire, un défi à relever. Elle est aussi, tout simplement, un fait. Elle existe, car l’Esprit Saint ne s’arrête pas de souffler et l’Evangile n’a jamais fait du sur-place. Vous pouvez vous pincer le nez, faire la fine bouche ou dire que ce n’est pas votre tasse de thé, que c’est trop ceci, pas assez cela…Vous pouvez rester au bord de la route, regarder la caravane qui passe, demander les papiers d’identité : C’est quoi ? C’est qui ? Vous vous définissez comment ? - Dans tous les cas, vous ratez le coche ou le train.
Bien sûr, les vagues missionnaires se sont succédées au long des siècles, liées à l’extension des horizons. Il y eut les prêtres ouvriers, l’Action Catholique, etc...Aucune ne fut parfaite, mais chaque fois des êtres fervents et brûlants d’amour ont cherché, avec leurs limites, à obéir au commandement du Seigneur : « Allez… »

Ainsi en va-t-il de la nouvelle évangélisation. Peu importe l’appellation. Elle changera fatalement. L’essentiel, c’est que des êtres se convertissent à l’Evangile, qu’ils soient heureux de le dire et de le célébrer ensemble.
Ne leur demandez pas une définition de ce qu’il vivent, car ils auront déjà compris que vous les regardez de l’extérieur… Prenez le risque de vous jeter à l’eau avec eux, et tant pis si ça vous mouille. «  Ça trempe les caractères », disait le curé Remmy.
Ne leur dites pas non plus : mais tout ça ne sert à rien… Tant qu’il y aura la cour romaine avec ses dorures, ses musées, ses banques, ses intrigues, ses falbalas, sa bureaucratie et ses condamnations… Dites-leur : c’est vrai, il y a tout ça, mais quand une colombe prend son envol, la terre entière gagne en liberté et quand une communauté grandit dans la manière de vivre de l’Evangile, c’est l’Eglise tout entière qui se renouvelle… Si chacun se soucie de sa maison (oïkos), et personne d’autre ne peut le faire à sa place, le Corps du Christ tout entier se transforme.
Ne leur dites pas : vous priez de trop. Il faut agir. Vous êtes trop « charismatiques ». Mais offrez vos corps au souffle de l’Esprit. Mettons un peu le feu à nos églises. Dieu ne prend-t-il pas lui-même plaisir à danser et à crier de joie quand nous lui permettons de gonfler nos voiles ? (Sophonie 3,17). Cessons de séparer le haut et le bas, l’intérieur de l’extérieur, l’individuel et le communautaire. L’unique Esprit fait de nous les membres de l’unique Corps du Christ. Cessons d’être les hommes de ceci ou cela. C’est dans la prière que le service fraternel trouve son souffle et la force du témoignage. C’est dans la liturgie que la catéchèse apprend à parler de Dieu. C’est dans l’eucharistie que celui qui est nourri à la Table du Seigneur est envoyé pour en être le témoin.

L’évangélisation, qui est l’être-même de l’Eglise, sera nouvelle, renouvelée, quand nous nous sentirons réconciliés avec ce mot, quand nous nous sentirons vraiment autorisés à vivre aujourd’hui le mandat du Seigneur. Quand nos communautés seront livrées au feu d’une nouvelle Pentecôte.

P. Jean-Pierre

Notre calendrier,

la semaine,

les mois d'octobre à novembre

 

Le mot du dimanche 

et la feuille dominicale